Syndicats et patronat sont en pleine négociation sur la revalorisation de votre pension de retraite complémentaire AGIRC-ARRCO, et une chose est certaine : votre retraite augmentera au 1er novembre 2023. Seul le pourcentage de revalorisation est encore inconnu à ce stade. Suivra-t-il l’inflation comme le souhaite les syndicats, ou sera-t-il sous-indexé, comme le souhaite le patronat ?

AGIRC-ARRCO : la revalorisation pourrait aller de +4,6 % à 5,2 %

En matière de revalorisation de la pension complémentaire des salariés du privé, deux visions s’opposent :

  • D’un côté les syndicats, qui prônent une revalorisation de 5 à 5,2 %: selon eux, le régime AGIRC-ARRCO est en très bonne santé financière. Ses réserves équivalent à 9 à 10 mois de pensions de retraite, soit bien plus que les 6 mois d’avance que la prudence impose. À cela s’ajoute les bénéfices de la réforme des retraites de 2023, qui doit apporter au régime 22 milliards d’euros supplémentaire pour les 15 prochaines années ;
  • D’un côté le patronat, qui souhaiterait une hausse avoisinant les 4,6 %: en contrepartie, il souhaiterait une baisse des cotisations, et semble favorable à l’introduction de nouveaux droits à retraite complémentaire pour les retraités en cumul emploi retraite. Car pour rappel, le CER est générateur de nouveaux droits à retraite dans le régime de base, depuis le 1er septembre 2023.

Pour rappel, l’année passée, la revalorisation des retraites complémentaires des 13 millions d’ex-salariés s’était établi à 5,12 % au 1er novembre 2022.

La suppression du malus de 10 % serait quasiment actée

Autre question coûteuse en passe d’être résolue par les partenaires sociaux : celle du devenir du malus de 10 % qui s’applique sur la pension de retraite des anciens salariés qui ont décidé de partir à la retraite dès l’âge du taux plein. Créé en 2019, ce « coefficient de solidarité » avait pour objectif initial de renflouer les caisses de l’AGIRC-ARRCO. Mais il n’a aujourd’hui plus lieu d’être, et devrait, selon toute vraisemblance, être supprimé pour les futurs retraités.

Mis en place en mars 2019, ce service a déjà bénéficié à des centaines de milliers de futurs retraités.

Le « hold-up » du gouvernement, qui veut mettre l’AGIRC-ARRCO à contribution pour financer les petites retraites

La marge de manœuvre des partenaires sociaux risque toutefois d’être réduite par la volonté du gouvernement, qui souhaiterait mettre à contribution la caisse de retraite complémentaire pour financer la revalorisation des petites pensions à hauteur de 85 % du SMIC. Le coût de cette mesure pourrait s’élever, à terme, entre 1 et 3 milliards d’euros par an. De quoi s’attirer les foudres des syndicats : le négociateur de la CGT, Denis Gravouil, parle crûment de « hold-up ». Le climat est moins hostile du côté de la CPME. Son négociateur, Éric Chevée, considère qu’il est « légitime que l’AGIRC-ARCCO prenne sa part [dans cette] mesure de solidarité, qui valorise une vie de travail » mais « selon ses critères. Affaires à suivre.